Après une enfance et une adolescence à l'étranger, Marie Lanfroy retrouve sa Réunion natale en 2008. C'est en 2011 qu'elle intègre l’École Supérieure d'Art de La Réunion; elle y développe durant cinq années un travail photographique et vidéographique. En juin 2016, elle obtient son master d'art avec les félicitations du jury et réalise sa toute première exposition collective, Distorsion. Parallèlement à ses études, elle forme en 2012, le groupe « Saodaj' », une formation musicale qu'elle définit comme étant du
« maloya nomade », formation dans laquelle elle écrit, compose, chante et joue des instruments traditionnels de La Réunion
avec quatre autres musiciens chanteurs. Sa quête première, dans toutes les formes artistiques qu'elle utilise, est de créer un
nouveau rapport à l'Autre, à travers la rencontre et la création commune.
Marie Lanfroy utilise la photographie comme un prétexte à la rencontre, cherchant à exprimer la part de créativité de l'Autre
à travers des mises en scène participatives. Un Autre multiple
et complexe à comprendre, qui n'a peut-être jamais pensé à exprimer une part de lui-même à travers la photographie et le mouvement (vidéographique). Tout l'enjeu de l'artiste est ici : Créer un espace de liberté dans lequel les sentiments humains ont leur place, une rencontre entre deux personnes, l'artiste
et le modèle, ouverte à l'improvisation, au rituel, à l'exorcisation des peines, à la beauté qui jaillit lorsque les barrières morales tombent. Cette démarche artistique entre dans un processus
que l'artiste définit comme étant une « réconciliation » avec sa propre espèce, à travers la quête du merveilleux. Ce merveilleux qui se niche dans chaque individu, loin d'être naïf, il est l'imagination, « l'extra-ordinaire », l'audace, la libération qui
ne rime pas toujours avec le bonheur.
Les thématiques abordées jusqu'ici avec les modèles entourent la question du genre, du deuil, de la solitude, du sexisme,
de l'ancestral, du rêve. Un contenu diversifié, à l'image des différentes personnalités avec qui l'artiste collabore. Tout part d'une conversation, d'une idée lancée dans le vide du quotidien : « Et si tu pouvais créer un personnage, qu'incarnerais-tu ? ».
De manière générale, le modèle et l'artiste ne se connaissent pas, leur toute première interaction s'ancre immédiatement dans
une volonté de la part de l'artiste de créer avec et pour son interlocuteur. Une relation se tisse autour d'un projet encore inexistant et qui ne pourra se réaliser que dans un rapport de confiance. C'est un défi, une forme de théâtre d'improvisation, qui se joue dans un cadre défini par l'artiste et le modèle :
un lieu, un thème / un sentiment, une mise en scène spontanée / une mise à nue, une forme de cérémonie extraite volontairement de la course de nos vies.